GOUZON ⼺4
Collection Ferdinand GOUZON
• Le chant des baleines sur une peinture de Paul Vergier
• La Tentation de saint Antoine de Gustave Moreau
• Scènes de crime (à propos de Frédéric Pardo & Max Ernst)
• Je cherchais la fraîcheur j’ai marché jusqu’au sang (« 31-03 Blues » d’Éric Pougeau)
• Finir en beauté (L’Adoration des mages de Lorenzo Monaco)
Extrait de :: Je cherchais la fraîcheur j’ai marché jusqu’au sang (« 31-03 Blues » d’Éric Pougeau)
Un homme qui sent le diable autour de lui le menacer et l’étreindre essaiera de toutes ses forces, ses phrases, son art, de conjurer sa chute incessante. C’est une guerre, comme chez Uccello ou Le Tintoret. C’est un coup de tonnerre contre le réel, l’attaquer jusqu’à la déchirure, jusqu’à l’os, pour obtenir cet effet de sidération qui met, passé la paralysie, la pensée en mouvement. Le travail d’Éric Pougeau est d’abord le compte-rendu d’une guerre et peut-être ensuite seulement, se relevant, devient-il naissance d’un art tout à fait singulier. Une guerre contre la mort tout azimut ; l’art pour retourner ses névroses contre le traumatisme qui les a créées. Car la névrose c’est le chef d’œuvre de chacun, ce par quoi, parfois, se métabolisent matière et forme par cette expérience devenue jeu des extrêmes et des limites qu’est l’art.
Cette expérience intime de l’artiste habite les trois grands monochromes que j’évoquais plus haut. Grands tableaux sombres et majestueux qui provoquent un effet de dégoût et de répulsion quand on s’en approche de trop près. Œil lacéré, griffé face aux glaires, au sang et aux pulvérisations d’Ostie sur la toile. C’est une eucharistie dégueulée, crachée. Le corps du christ, c’est-à-dire la souffrance, et le corps de l’artiste, la délivrance, coagulés ensemble sur la toile. Une sécularisation de la religion par le biais de l’art. Et au fond, n’est-ce pas ce qu’auront tenté tous les grands artistes après la Révolution française, de Sade à Goya en passant par Baudelaire ou Francis Bacon ? L’art, longtemps mis au service de la religion, transmuant en expiation de celle-ci. Révélant pour ce faire l’image traumatique tapie dans les tréfonds de la conscience de l’artiste. Et donc une lutte
spirituelle pour régénérer la vie dans ce formol de cruauté et d’effroi qui l’en empêche. Henri Michaux nommait cela Épreuves, Exorcismes. Artaud, Théâtre de la cruauté. Bataille, L’Expérience intérieure.
+ Dimensions 15 X 21cm
+ Support papier bouffant
+ 2 feuilles pliées l'une dans l'autre
+ Édition fanzine
☞ À noter.
► Expédition sous 8 jours
► Fabrication à la main, en France