MAISON
MAISON JOUJOU
❝En faisant quelques recherches sur Charles Baudelaire, j’ai découvert que sa mère avait une maison appelée Maison Joujou, à Honfleur. Je voulais inventer cette demeure, en faire un claque pour notables de la ville. Mais l’écriture me rattrape toujours, mes mots sont partis ailleurs. Et j’essaie, tant bien que mal, de les ramener vers ma première idée.
Et j’embrasse tous les hommes, clients venus faire leur choix. Je veux que tout s’intensifie. Par exemple, j’invente un notaire sur un canapé, le médecin du village vautré sur un tapis, Monsieur le Maire dans son bel habit dont la pine molle sort du pantalon.
J’ignore si je sais encore écrire comme au temps jadis de Villon. Maison Joujou et ses filles dévergondées. Il est facile de mettre tous les mots en place, les velours, les bougies, les draps lourds et jolies tenues. Des parties fines sous les lustres. Et si les hommes crachaient le foutre dans l’oreille pour une fois ? Ils achètent une fille au prénom d’hier. Francine, Gilberte.
Mon cul est creusé, bombé sous les pines, avec un stylo, je peux tout faire, tout être. On peut, par exemple, me baiser sans heurts ou avec violence. Dans le grand silence d’une pièce vide où tous regardent ma cavité béante.❞