BERGMANN
Boris Bergmann
• L'écharde
• Je suis l'équateur à vue d'œil
L'écharde (extrait)
❝Il a mal. Et quand il a mal : tout s’efface, sa grandeur, sa superbe, perdues, enfoncées, ombres recluses. Même lui subit, oublie ce qu’il était en train de faire : chercher la cause de toute chose. Car la cause du mal est plus forte, plus primordiale que la cause de toute chose. Plus rien n’existe hors d’elle. Il redevient cet être enfantin, incapable de se rassurer. Ce corps tremblant qu’il faut consoler. Alors pour s’en sortir : il cherche le mal. Peut-être qu’il est fautif.
Après tout : il aime tant construire, bâtir de rien, ériger bancalement, tracer des brouillons pour mieux les laisser se débrouiller. Peut-être est-ce un de ces gestes avidement répétés dans ce but — la création — qui a provoqué tel mal. L’idée qu’il puisse en être le responsable lui est désagréable. Il regarde son doigt. Oui, là : c’est la source. Sur la phalange distale de son index, le mal fausse l’empreinte digitale.
Il en crée une nouvelle, difforme et dangereusement peinte, signalétique d’éraflure. Mais ce n’est pas ce qui le gêne : le mal révèle un malaise plus profond. Le mal met à jour, dévoile. Pour la première fois, il a honte de ses mains. Il les trouve énormes, disproportionnées. Sans grâce. Il ne sait pas quoi en faire, les garde ballantes, inutiles, ses mains, qui cherchent la poche sans fond qui pourrait les contenir, les cacher, mais ne la trouvent pas, alors il les garde à portée, vides et pendues. Nul ne pourrait y siéger. Aucune force, aucune volonté. Seul le mal.❞
Je suis l'équateur à vue d'œil (extrait)
❝Je regarde les mains de la femme ouvrir mon sac, déplier mes vêtements, secouer mes livres comme pour en faire tomber de la poussière, racler le fond de mes poches, chercher sans trop y croire. Elle a les sourcils refaits, pas plus grands qu’un trait. Les ongles, aussi. C’est au tour de l’homme de me faire passer au détecteur. Lui je ne m’en souviens pas, juste de sa voix fatiguée. Il me demande de mettre les bras en croix, comme un christ récidiviste, il insiste pour que j’écarte un peu les jambes, pour que mes pieds se placent dans les cibles rouges au sol. Puis je dois recommencer les mêmes mouvements attendus, de dos cette fois. Je ne sonne pas. Je n’ai rien à déclarer.❞
+ Dimensions 15 X 21cm
+ Support papier bouffant
+ 2 feuilles pliées l'une dans l'autre
+ Édition fanzine
☞ À noter.
► Expédition sous 8 jours
► Fabrication à la main, en France